Les recherches de Marc Gadoury
Le triste destin de Narcisse Falardeau

Narcisse Falardeau, un journalier originaire de Sainte-Brigitte-de-Laval, est tragiquement assassiné à Montréal en juin 1902, à l’âge de 51 ans. Son histoire, abondamment relayée par La Presse de l’époque, est celle d’un homme modeste parti vers la grande ville dans l’espoir de gagner sa vie honnêtement. Il venait de décrocher un emploi chez E. B. Eddy, un fabricant d’allumettes de Hull, et s’était procuré un billet à la gare Viger à Montréal pour se rendre à Ottawa.
Le soir du vendredi 6 juin 1902, vers 21 h 30, alors qu’il marchait sur la rue Water à Montréal, près des voies du chemin de fer du Canadien Pacifique, il est violemment attaqué par quatre inconnus. L’un d’eux le frappe à la tête avec un objet contondant, possiblement une matraque, le laissant inconscient. Ils le dépouillent de ses 15 maigres dollars avant de l’abandonner étendu sur les rails.
Peu après, un train de marchandises passe et lui sectionne les deux jambes au bas des genoux. Il est découvert dans un état critique et transporté d’urgence à l’Hôpital Notre-Dame, où il reprend brièvement connaissance. Il parvient à livrer une déposition au juge Lafontaine. Narcisse Falardeau succombe à ses blessures quelques heures plus tard.
Le coroner McMahon, convaincu de la préméditation, convoque un jury qui conclut sans équivoque à un meurtre. L’enquête initialement ouverte pour agression devient donc une affaire criminelle, mais les auteurs du crime ne seront jamais identifiés, ni arrêtés.
L’affaire émeut profondément l’opinion publique et connaît une large couverture médiatique dans les journaux francophones et anglophones. Les titres sont sans équivoque : « Horrible attentat », « Un drame au bord de l’eau », « C’était bien un meurtre »…
Narcisse Falardeau était le fils de Narcisse Falardeau père et de Henriette Carmichael, né à Charlesbourg le 19 octobre 1851. Sa famille s’est ensuite installée à Sainte-Brigitte-de-Laval, dans le comté de Montmorency. Il est présumé veuf et sans enfant, bien qu’aucune mention précise de son épouse décédée ne figure dans les archives retrouvées, ni dans son acte de sépulture. À ce jour, aucun acte de mariage à son nom n’a été retracé.
Sources : La Presse, The Daily Witness, Le cultivateur, L’événement, The Montreal Herald.
L’annuaire Lovell
Les annuaires Lovell sont une mine d’or pour les historiens. Habituellement, on les consulte pour obtenir des informations sur Montréal et Québec, mais l’édition 1857-1858 est une édition nationale, qui présente des renseignements sur des centaines de localités canadiennes.
Pour Laval, on y découvre une courte description ainsi qu’une précieuse liste des métiers exercés dans la localité. En complément aux recensements, ces données permettent de mieux saisir le quotidien des Lavalois de l’époque.
Parmi les résidents recensés, on trouve des métiers variés comme un inspecteur des routes (Magloire Boucher), un constructeur naval (Moïse Trahan), un commerçant (Patrick Boylan), un épicier et facteur (Pierre Filion), deux charrons-charpentiers (John Rossignol et Joseph Touchette), un secrétaire-trésorier des écoles (John Shortle) et une personne en charge d’une pension familiale (Touet). Une femme joue également un rôle notable : Mme Louis Thomassin gère le magasin général. À l’époque, Thomas Dawson est maire, tandis que le révérend J. N. Campbell assume à la fois les rôles de curé et maître de poste.
Au sujet de Sainte-Brigitte-de-Laval, on dit :
LAVAL, C. E. – Un petit village situé à l’arrière de Beauport, dans la Seigneurie de Beaupré et dans le comté de Montmorency. Il possède une bonne activité dans le commerce du bois d’œuvre. À 15 milles de Québec et à 12 milles de Beauport. Population d’environ 450 habitants.
Voici l’ensemble des noms mentionnés dans l’annuaire pour Sainte-Brigitte-de-Laval en 1857-1858 :
Boucher, Magloire, inspecteur des routes
Boylan, Patrick, commerçant
Campbell, révérend J. N., curé catholique et maître de poste
Dawson, Thomas, maire
Filion, Pierre, épicier et facteur
Rossignol, John, charron et charpentier
Shortle, John, secrétaire-trésorier des écoles
Thomassin, Mme Louis, magasin général
Touchette, Joseph, charron et charpentier
Touet, –, pension de famille
Trahan, Moïse, constructeur naval
Une belle fenêtre sur le passé de notre municipalité !
Marc Gadoury et Allen Dawson
Courriel :societehistoiresbdl@gmail.com.
Web : www.shsbdl.org/
Société d’histoire de Sainte-Brigitte-de-Laval
