La dynamite à Sainte-Brigitte
Tragédies et dénouements plus heureux
Deux exemples de courage
Un autre évènement relié à la dynamite a attiré notre attention alors que nous avons appris que l’organiste de l’église jouait de l’orgue bien qu’il lui manquait une main. C’était monsieur Joseph Verret, qui dit-on, avait perdu cette main à cause de la dynamite. Cela constituait pour la Société d’histoire, un évènement particulier à approfondir.
Les articles de journaux de l’époque expliquent très bien les circonstances de l’accident survenu lundi 24 octobre 1966. Nous avons toutefois rencontré M. Jacques Auclair, aussi citoyen de Sainte-Brigitte, qui était sur les lieux de l’accident pour qu’il nous en dise davantage.
M. Auclair agissait à titre de surveillant de chantier pour le compte du ministère des Transports. Il avait notamment travaillé à l’arpentage du chemin. Il s’agissait de créer une nouvelle route, la Traverse de Laval vers le Lac-Beauport. La rue du Calvaire ne convenait pas. Il fallait trouver un nouveau passage. La seule façon d’y arriver était de procéder au dynamitage.
Lorsque l’explosion se produisit, monsieur Auclair était à bonne distance du lieu. Il discutait alors avec un collègue. Il était habitué aux explosions. Celles-ci se déroulaient normalement sous terre, dans le roc. Par contre, l’explosion de l’accident était bien plus violente. Elle était en partie hors sol. M. Auclair et son collègue ont été surpris par cette violence inhabituelle. M. Auclair réalisa ce qui était arrivé. Il accourut vers le lieu. Il constata qu’il n’y avait malheureusement plus rien à faire pour monsieur Laberge. M. Verret gisait au sol et se tordait de douleur. M. Auclair releva monsieur Verret. Ce dernier était blessé à la poitrine et au bras. Il enleva sa ceinture et tout de suite il fit un garrot en s’assurant que ce dernier soit bien fait.
Par la suite, M. Auclair s’empressa de retourner au presbytère du village. Le prêtre de l’époque appela les ambulanciers. M. Verret fut par la suite, pris en charge par ces derniers. On dut finalement amputer une partie du bras de M. Verret et on lui installa une main artificielle. M. Verret qui agissait à titre d’organiste pour la paroisse continua, malgré l’amputation, à jouer de l’orgue pour les paroissiens.

Monsieur Verret semble avoir été quelqu’un d’assez exceptionnel. Il a déjà été maire de la municipalité. On lui doit aussi d’avoir opéré un des derniers importants moulins à scie de Sainte-Brigitte. M. Verret avait aussi notamment construit un pont sur la rivière Montmorency pour accueillir le bois coupé sur la rive-est de la rivière.
Autre fait concernant M. Auclair, cette fois. Ce dernier qui « en avait déjà vu d’autres » et qui sauva assurément la vie de M. Verret se souvient que pour une longue période de temps, il ressentait de vives douleurs à son propre ventre et à son propre bras, tellement il avait été marqué par la tragédie.
Cette tragédie met en évidence le courage de deux personnes, MM. Verret et Auclair.
Remerciements aux Rock Machine
Dans le cas des Rock Machine, une anecdote surprenante entoure leur passé chez nous. Sans le vouloir, cette bande de motards a donné un coup de main à un organisme de bienfaisance de Sainte-Brigitte.

On remarque sa main gauche munie d’un crochet. ©Jocelyne Clavet
Au tournant des années 2000, un organisme à but non lucratif, le Comité de développement économique et social de SBDL (CDES) a été mis sur pied. Une de leurs missions était de développer un sentier récréatif sur le territoire. Un des défis à résoudre était d’assurer le passage d’un sentier d’une rive à l’autre de la rivière Montmorency. En analysant la propriété des terres sur la rive est de la rivière, le nom d’un des propriétaires d’une terre est apparu étrange. Il s’agissait du Procureur du Québec.
Le comité est entré en contact avec le bureau du Procureur. Le comité apprit alors que le Procureur du Québec avait le mandat de gérer les produits obtenus (saisis) de la criminalité. Dans ce cas-ci, la propriété appartenant à un membre des Rock Machine avait été saisie par l’état. C’était le fameux terrain où la police avait trouvé une quantité si importante d’explosifs.
En général, après avoir saisi des biens issus de la criminalité, l’État met à vendre ses produits. De discussions en discussions, le CDES obtint pour un montant minimal très avantageux le terrain. Le Comité prenait possession d’un terrain qui pouvait favoriser le projet de sentiers récréatifs.
Le projet de sentiers récréatifs n’a pas pu finalement se réaliser sur la rive-est de la Montmorency. Le Comité vendit alors la propriété pour une bonne somme d’argent. Cela a eu pour effet de contribuer au financement de manière non négligeable de l’organisme…grâce aux Rock Machine.
Conclusion
Relater ces évènements en lien avec la dynamite permet de revisiter un passé pas si lointain et nous fait remarquer l’importance d’une invention, la dynamite. On voit l’application jadis, en termes commerciaux (la drave) et de développement économique d’un territoire (développement domiciliaire et routier). On constate les dangers bien réels liés à l’utilisation de la dynamite et la bravoure des personnes d’autrefois.
Dans le cas de l’histoire de M. Fortier, on réalise aussi le gouffre immense entre les ‘’mentalités’’ d’autrefois et celles aujourd’hui quant à la sécurité des enfants. Finalement, on constate heureusement à travers les tragédies qu’apparaissent aussi des moments positifs, de joie et de résilience.
Alain Marcoux
Société d’histoire de Sainte-Brigitte-de-Laval
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